E-cigarettes 95% moins dangereuses ? Mythe, mensonges scientifiques et manipulations

01.09.2023  / Abstract

Un mythe tenace soutient que les cigarettes électroniques (ENDS) seraient 95% moins dangereuses que les cigarettes traditionnelles. Ce mythe découle de la publication d’un article datant de 2014. Par la suite, diverses organisations de santé publique, y compris certaines très prestigieuses, ont fait référence à cette publication sans la vérifier. D'autres encore ont ensuite relayé cette information (en clair : ils ont cité des articles qui citent eux-mêmes d’autres articles et ainsi de suite) sans jamais faire l’effort de remonter à sa source. Ce mythe repose en réalité sur une interprétation erronée et fortement biaisée des opinions d’un petit groupe de personnes dont bon nombre avaient des liens confirmés avec l'industrie du tabac. Il est de plus sans aucun fondement scientifique solide. En effet, les données actuelles ne permettent pas de tirer des conclusions aussi précises sur les risques relatifs des e-cigarettes par rapport aux cigarettes traditionnelles. De plus, une majorité des critères pris en considération dans l’estimation de 2014 ne sont pas liés à la santé, alors que par la suite le chiffre du 95% a été essentiellement appliqué au danger sanitaire des produits. Malgré de nombreuses tentatives pour dévoiler et démanteler ce mythe du « 95% », cette désinformation continue de circuler et l'industrie du tabac l'exploite sans honte. Nous nous engageons ici à faire la lumière sur l'origine et les conséquences de cette manipulation préjudiciable à la santé publique.

par Luciano Ruggia

Image 1 : Mêmes des sites de ventes de cigarettes électroniques jetables mettent en avant, tout récemment, le mythe du « 95% » pour faire la promotion de leur produit. (Consulté le 15.08.2023)

L’origine du mythe du « 95% »

A l’origine de ce mythe, se trouve une publication de 2014 visant à évaluer le risque relatif associé à divers produits contenant de la nicotine. Cette publication met en avant les résultats d'une rencontre organisée en 2013, qui n'étaient en réalité qu'une série d’estimations subjectives d'un groupe autodésigné de 12 experts. Plusieurs de ces experts présentaient des liens financiers ou d'intérêt avec l'industrie du tabac.[i]

Le groupe d'experts a été rassemblé à Londres pour un facilitated workshop (atelier animé) en juillet 2013, à l'instigation du Independent Scientific Committee on Drugs (ONG anglaise aujourd’hui appelée DrugScience). Ce comité aurait « sélectionné » des experts de différents pays pour soi-disant garantir une diversité de points de vue et de perspectives, diversité qui serait donc « évidente ». Cependant, aucune précision n'a été fournie concernant les critères de sélection ou les compétences requises. Il apparaît même que certains participants ne disposaient d'aucune expertise dans le domaine du tabagisme, comme par exemple Kgosi Letlape, un ophtalmologue sud-africain, qui ne semble pas avoir mené de recherches sur le tabac. Il ne semble pas non plus avoir été actif dans ce domaine, ni avant ni après la rencontre de Londres, et semble n’avoir été choisi que sur la base de connexions personnelles.

Par ailleurs, concernant le recrutement des experts, les auteurs précisent : « There was no formal criterion for the recruitment of the experts… ». En termes plus simples, cela pourrait être paraphrasé comme il suit : « J'ai rassemblé un groupe d'amis ». En dépit de ces limitations significatives, l'article a été publié et pris au sérieux par la suite.

 

Concernant le recrutement des experts, les auteurs précisent : « There was no formal criterion for the recruitment of the experts… » (Aucun critère formel ne fût appliqué au recrutement des experts). En termes plus simples, cela pourrait être paraphrasé comme il suit :

« J'ai rassemblé un groupe d'amis ».

 

Le Independent Scientific Committee on Drugs a été fondé par David Nutt en 2010.[ii] Nutt est un professeur britannique de neuropsychopharmacologie dont les opinions sur l'usage et les risques associés à certaines substances sont sujettes à controverse. Il avait auparavant présidé le Advisory Council on the Misuse of Drugs (ACMD) à partir de 2008, mais a été destitué de ce poste par le gouvernement britannique en raison de ses vues sur l'usage et les risques du cannabis, qu'il considère comme présentant un risque relativement faible de maladies psychotiques, et de son opposition frontale aux politiques publiques sur ce sujet.[iii]

Une méthode très discutable

La méthode adoptée pour cette étude est celle de la multi-criteria decision analysis (MCDA). Dans le cas de cette publication, ce sont les 12 experts qui choisissent eux-mêmes les produits à évaluer, qui définissent les critères des risques (14 critères très disparates de danger, ou harm en anglais) et qui classent les produits en fonction de ces critères. Parmi ces critères nous trouvons une majorité de critères qui ne sont pas liées à la santé (par ex : les pertes de biens matériels, les pertes de de relations, blessure et accidents ; les crimes, les dommages environnementaux, les adversités familiales, les dommages internationaux, les coûts économiques, les impacts sur les communautés).

Notons au sujet du critère du crime associé à un produit, qu’en 2014 le marché noir des ENDS était encore insignifiant, alors que le marché noir des cigarettes existait depuis longtemps dans beaucoup de pays (de surcroit souvent alimenté par les grandes industries du tabac elles-mêmes). De même pour le critère de l’impact environnemental. En 2014, l’impact négatif de la cigarette était déjà énorme, mais celui des ENDS presque négligeable. Aujourd’hui l’impact des ENDS, et en particulier des ENDS jetables est devenu une catastrophe écologique majeure[iv] qui à ce seul titre devrait déjà suffire pour justifier de bannir ces produits.

Pour le critère de la dépendance, Nutt n’hésite pas non plus à mettre en avant, sans beaucoup de bases ni de discussion critique, des affirmations pour le moins discutables, sinon carrément irresponsables. « There is also some evidence that the cigarettes are the most dependence-forming product and products with less harm also may be less dependence-forming” en se basant sur un seul article qui apparaît aujourd’hui totalement dépassé.[v] L’évolution des cigarettes électroniques, de la puissance de leurs batteries, des formes et des quantités de nicotine qu’elles sont en mesures de délivrer a beaucoup changé depuis l’apparition des premiers produits sur le marché il y a plus de dix ans.[vi] Aujourd’hui, il est évident que la nicotine délivrée par les ENDS provoque une dépendance toute aussi forte, sinon encore plus forte, que les cigarettes classiques.[vii]

Ainsi, partant du présupposé que les cigarettes présentent un risque de 100%, les experts ont conclu, que les pipes à eaux (shishas) ne présenteraient qu’un risque de 14% et les ENDS qu’un risque de 4%. En se basant sur ces chiffres, il faudrait donc dire que les ENDS seraient selon ces experts 96% moins dangereuse que les cigarettes, et non 95% comme finalement reporté par la suite.

La MCDA simplifie le processus de prise de décision en quantifiant et en attribuant des poids à plusieurs critères. Cependant, elle simplifie à l'excès les scénarios complexes du monde réel, fait reposer son raisonnement sur des hypothèses subjectives et ignore les interdépendances entre les critères. Il est important d'évaluer de manière critique les limites du MCDA et de reconnaître que les résultats découlent uniquement de facteurs qualitatifs et des opinions des participants. L’utilisation de la MCDA, en particulier dans des Health Technology Assessement (HTA), a par ailleurs été largement critiquée.[viii]

 

Mêmes les auteurs de l’article de 2014 reconnaissaient qu’ils manquaient de preuves tangibles concernant les dangers de la plupart des produits en fonction de la majorité des critères retenus.

 

L'article lui-même fait état de certaines limitations. Les auteurs reconnaissent notamment qu’ils manquaient de preuves tangibles concernant les dangers de la plupart des produits en fonction de la majorité des critères retenus (« lack of hard evidence for the harms of most products on most of the criteria »).

Qui se cache derrière cet article ?

A la fin de l’article, les auteurs remercient Euroswiss Health ( Switzerland) pour son financement et la LIAF (Lega Italiana Anti Fumo) pour son support, sans préciser de quel « support » il est question.

L’organisation Euroswiss Health est le fait d’une seule personne, Delon Human, médecin sudafricain vivant près de Genève. Il a une longue histoire en tant que consultant entièrement payé par l’industrie du tabac.[ix] Human crée régulièrement de nouvelles « organisations » dont il semble être le seul responsable et collaborateur. EuroSwiss Health a été fondée en 2003, n’a jamais eu de site internet, et mise à part le financement de cette recherche de 2013, ne semble jamais avoir eu aucune autre activité. Nous retrouvons ensuite Delon Human aussi comme co-fondateur en 2015 de la African Harm Reduction Alliance, avec l’ophtalmologue sud-africain Kgosi Letlape. Mis à part le fait de prêter son nom et son image, ce dernier ne semble disposer d’aucune compétence dans le domaine du tabagisme. La plus récente des créations de Human semble être Health Diplomats[x], apparemment lancée en 2020, qui n’est rien de plus qu’un site internet dans lequel ont été publiés des rapports financés par l’industrie pour soutenir la vision de l’industrie du tabac sur la réduction des risques, et donc promouvoir les produits alternatifs.[xi]

La Lega Italiana Anti Fumo (LIAF) est une ONG fondée en 2003 par Riccardo Polosa, un autre des auteurs de cet article. M. Polosa est un médecin de Catane en Sicile, dont les liens directs et indirects avec l’industrie du tabac ont été très amplement démontrés. M. Polosa a reçu à plusieurs reprises des financements de l’industrie du tabac, comme par exemple de la part de Philip Morris International ou bien de la part de la Foundation for a Smoke-Free World,[xii] une organisation elle-même fondée par PMI. On retrouve aussi les liens entre Human et Polosa en 2019, car depuis cette année Polosa est membre du Medical and Scientific Advisory Board (MSAB), dirigée par Human, de l’entreprise PharmaCielo, une compagnie canadienne qui produit et vend des produits du cannabis.[xiii]

EuroSwiss Health semblant être plutôt une coquille vide, et la LIAF une ONG sans véritables ressources propres, mais avec des liens certains avec l’industrie du tabac, il nous paraît donc légitime de questionner la source réelle du financement de la rencontre de Londres.

Reprise du « 95% » par Public Health England et naissance du mythe

Le premier à citer l’article de Nutt a été Public Health England (PHE) (l’agence nationale de santé publique en Angleterre) dans un rapport de 2015.[xiv] Mais PHE en 2015 va encore plus loin que simplement reprendre l’argument et il en fait le point central de son communiqué de presse de l’époque en le mettant directement dans le titre.[xv] Cette forme de communication a certainement beaucoup contribué à la propagation du mythe du « 95% », comme le fait remarquer le Professeur Glantz dans son commentaire de 2015, qui critique également l’article de Nutt lourdement.[xvi]

Le rapport de PHE, dès sa page d’introduction, choisi d’accorder beaucoup de prééminence au « 95% » : « En bref, les meilleures estimations montrent que les e-cigarettes sont 95 % moins nocives pour la santé que les cigarettes normales ».[xvii] Il est important de s’arrêter sur le langage choisi : pourquoi souligner dans l’introduction de ce rapport, de manière si marqué, la valeur du 95% en se basant sur des meilleures estimations ? En 2015, l’article de Nutt n’est pas la meilleure estimation, mais bien la seule estimation publiée. Cela n’est pas une raison suffisante pour la considérer valable ou bonne.

Plus loin, parmi ses 8 messages clés, le rapport souligne encore une fois ce chiffre : « Au cours de l'année écoulée, on a assisté à une évolution générale vers une perception inexacte de la CE [cigarette électronique] comme étant aussi nocive que la cigarette, alors que les experts estiment aujourd'hui que la CE est environ 95 % moins dangereuse que le tabagisme. » [xviii]

Dans le corps du rapport, nous retrouvons la mention du chiffre de « 95 »%: « On estimait auparavant que les CE étaient environ 95 % plus sûres que le tabagisme. Cette estimation demeurer à nos yeux raisonnable. »[xix] Pour justifier cette affirmation, le rapport anglais cite l’article de Nutt ainsi qu’un article de Polosa, qui a son tour déclare que les ENDS sont moins risqués mais en ne citant que l’article de Nutt. À aucun moment le rapport anglais n’apporte un regard critique ou essaye même d’examiner les fondements de l’article de Nutt.

Finalement, le rapport conclu qu’il est nécessaire “ to publicise the current best estimate that using EC is around 95% safer than smoking” parmi ses “policy implications”.

Ainsi, à partir d'un article aux méthodologies particulièrement douteuses, n'ayant ainsi aucune validité scientifique, la PHE donne une crédibilité gratuite, et sans aucune discussion critique, à un chiffre désormais facile à communiquer et s’engage à le diffuser de manière proactive. Le mythe du « 95% » était ainsi bel et bien né.

 

PHE donne une crédibilité gratuite, et sans aucune discussion critique, à un chiffre désormais facile à communiquer. Le mythe du « 95% » était ainsi bel et bien né.

 

Immédiatement, les entreprises du tabac et de la nicotine se sont empressées de reprendre et exploiter ce chiffre dans leur communication. Nous trouvons ainsi sur de nombreuses pages de sites internet vendant des cigarettes électroniques des mentions mises très en évidence du chiffre de « 95% ».

Malgré les nombreuses critiques[xx], l’agence anglaise de santé publique a continué de soutenir et propager le mythe du « 95% »[xxi] sans pour autant apporter des preuves scientifiques plus solides et même en admettant qu’il s’agit surtout d’une « bonne » manière de communiquer[xxii]. Une admission qui, à notre avis, équivaut à un aveu tacite d’utilisation abusive.

Avant sa dissolution en 2021 et le transfert de ses fonctions à d’autres agences, l’indépendance de PHE avait également été mise en discussion. Des médecins ont critiqué l'organisation responsable de la protection de la santé pour son travail avec un groupe de pression pour le vapotage qui est lui-même lié à la plus grande entreprise multinationale de tabac au monde.[xxiii]. Ces liens jettent une ombre trouble sur les positions de PHE concernant l’utilisation des cigarettes électroniques.

Image 2 : Exploitation du chiffre de « 95% » par des sites internet vendant des cigarettes électroniques.

En Angleterre, le mythe du « 95% » a été pleinement adopté par l’organisation ASH UK, alors que d’autres organisations, dont notamment ASH Scotland, s’y opposent. ASH UK ne représente en aucun cas l’ensemble des organisations de lutte contre le tabagisme du Royaume-Uni. Encore aujourd’hui, sur le site de ASH UK le mythe du « 95% » est mis en avant.[xxiv]

En Suisse aussi, malheureusement, des experts et des organisations de santé publique, ont repris le mythe du « 95% » et continuent à le répandre aujourd’hui, en prétendant même qu’il y aurait un « consensus des experts ».[xxv] Cela fait le bonheur du lobby de l’industrie du tabac, qui fait obstacle à toute augmentation des impôts sur les cigarettes ou sur tout autre produit. Ainsi un élu UDC, membre du Conseil national, a récemment affirmé, pour combattre la taxation des ENDS que "Le risque sanitaire des e-cigarettes est 95% plus bas que celui des cigarettes traditionnelles" et que "Il faudrait en tenir compte pour fixer l'imposition, soit à 11 centimes par millilitre au lieu de 20". Déjà une taxation de 20 centimes est insuffisante, mais cet élu aurait voulu la réduire de moitié.[xxvi] Comme beaucoup d’autres parlementaires, l’élu avait reçu un document produit par une organisation de santé publique qui continue de colporter le mythe du « 95% » sans aucun discernement et sans se rendre compte qu’ils sont tombés dans le piège de l’industrie du tabac.

Naturellement, l’Association suisse de la vape (Swiss Vape Trade Association, SVTA), qui représente les négociants et fabricants d’e-cigarettes, de liquides et d’accessoires, s’est emparée avec enthousiasme de ce mythe et l’invoque à tout bout de champ. Le mythe du « 95% » est omniprésent tant sur le site web de cette association, qui ne cite jamais les sources originales, que dans ses prises de position pour s’opposer à la taxation des cigarettes électroniques.[xxvii]

Image 3 : Page de la Swiss Vape Trade Association (consultée le 16.08.2023)

Critique de l’étude de Nutt

En août 2015, une semaine après la parution du rapport de PHE, le journal The Lancet publie un éditorial sous le titre « E-cigarettes: Public Health England’s evidence-based confusion » dénonçant la publication de Nutt et démontrant que l’affirmation du « 95% » reprises par le PHE ne reposait sur aucune base scientifique et était totalement arbitraire. The Lancet dénonçait aussi le fait que la majorité des auteurs de cette estimation avait des liens évidents avec l’industrie du tabac.[xxviii] Les critiques du Lancet ont été rapidement reprises dans la presse anglaise, notamment dans The Guardian, qui a ainsi également souligné les conflits d’intérêts des auteurs de l’article et les faiblesses méthodologiques.[xxix] Immédiatement après The Lancet, une autre revue scientifique prestigieuse, le British Medical Journal (BMJ), critique également la pseudo-étude de Nutt.[xxx]

Le 19 mars 2016, The Lancet accepte de publier, en réponse à son éditorial, une lettre de Nutt et de ses co-auteurs.[xxxi] Cette lettre n’apporte pas d’arguments valables pour contrer les critiques de The Lancet. La lettre va jusqu’à prétendre que la rareté des preuves de dommages graves pour les utilisateurs de cigarettes électroniques depuis leur première mise sur le marché en 2006, avec des millions vendus, est en soi une preuve.[xxxii] Nous sommes ici obligés de rappeler l’aphorisme, souvent attribuée aux astrophysiciens Martin Rees ou Carl Sagan que « l'absence de preuve n'est pas la preuve de l'absence ».[xxxiii]

 

L'absence de preuve n'est pas la preuve de l'absence.

 

Depuis, face à la diffusion du mythe du « 95% » et à son exploitation par l’industrie, de nombreuses autres voix se sont levées régulièrement pour dénoncer ce chiffre comme une manipulation.

Certaines critiques ont aussi porté sur le fait qu’il n’est pas possible d’établir des risques relatifs. Les prévisions de sécurité comparatives non basées sur des faits, telles que la quantification de 95% moins dangereuse, ne sont pas utiles pour l'estimation du risque des cigarettes électroniques et ne devraient pas être utilisées lors de discussions ou de promotions de cigarettes électroniques.[xxxiv]

Des panels scientifiques ultérieurs convoqués par d'autres gouvernements ont rejeté directement et indirectement la position de Public Health England. Ni l'article de Nutt et al ni les conclusions de Public Health England ne sont référencées dans le rapport de 775 pages préparé pour la FDA par les National Academies of Science, Engineering and Medicine[xxxv], bien que l'estimation de 5% de dommage relatif ait été identifiée comme étant soutenue par de nombreux scientifiques (p. 634). Le rapport de 122 pages du Comité Scientifique de la Commission Européenne sur la Santé, les Risques Environnementaux et Emergents (SCHEER)[xxxvi] publié en 2021 ne fait pas non plus référence ni à Nutt ni à PHE. Un rapport commandé par le gouvernement espagnol et publié pour la première fois en 2020 a conclu que "l'affirmation que le risque d'utilisation de la cigarette électronique est réduit de 95% par rapport aux cigarettes traditionnelles n'est pas soutenable avec les preuves actuelles."[xxxvii]

 

Le mythe du « 95% » est factoid, soit une information non fiable, répétée si souvent qu'elle finit par être acceptée comme un fait véritable.

 

En février 2020, un nouvel article publié dans le American Journal of Public Health revient sur la question en qualifiant le mythe du « 95% » comme un factoid, soit une information non fiable, répétée si souvent qu'elle finit par être acceptée comme un fait véritable. Si ce factoid était peu fiable et manquait de fondements en 2013, il est certainement encore moins fiable aujourd'hui, au vu de l'émergence ces dernières années de preuves concluantes documentant les dommages substantiels associés à l'utilisation de la cigarette électronique. De plus, les cigarettes électroniques disponibles aujourd'hui sont très différents de ceux disponibles en 2013. Il serait irresponsable de prétendre que les dispositifs actuellement sur le marché sont plus sûrs que les cigarettes de tabac.[xxxviii] Ces critiques ont été reprises par d’autres institutions solides de santé publique.[xxxix]

Philip Morris continue de manipuler l’évidence et de jouer avec les chiffres

L’industrie du tabac, fort de sa longue tradition de manipulations scientifiques et de mensonges (elle niait jusque dans les années 1990 que la cigarette causait une addiction[xl]), ne pouvait pas laisser passer une si belle occasion de financer des études visant à exploiter ce mythe afin de se valoriser et de vendre davantage de produits.

Une pseudo-étude très récente reprend l’approche du risque relatif de l’article de Nutt de 2014 qui a si bien profité à l’industrie.[xli] Des employés de Biochromex[xlii], qui se présente sur son site comme une entreprise qui fournit « life science expertise and strategic consulting services to the pharmaceutical, healthcare and consumer goods sectors », ont ainsi signé une analyse prétendument systématique de la littérature. Partant de l'article très controversé de Nutt, ils ont composé une nouvelle échelle des risques relatifs des produits, tout aussi contestable. D’après cette échelle, les ENDS ne présenterait qu’un risque du 2,7%, et les HTP – tels que les IQOS de PMI – que de 4,5%. Nous n’allons pas nous attarder ici sur les faiblesses méthodologiques nombreuses de cette nouvelle « étude ».

Image 4 : Echelle du risque relatif d’après Murkett et all, 2022

Cet article est paru sur la plateforme en ligne F1000, qui prétend offrir un processus de peer-review transparent garantissant la qualité scientifique de ses publications. Cependant, cette plateforme semble pouvoir être facilement manipulée. L’article de Biochromex, (qui, il faut le souligner encore une fois, est une entreprise de consulting) est financé par la Foundation for a Smoke-Free World (fondée entièrement et uniquement par PMI), mais le montant exact de ce montant n’est mentionné nulle part.[xliii] Ce n’est d’ailleurs pas le seul financement de cette fondation de PMI à Biochromex. Malgré son langage très scientifique, cette publication soulève de nombreuses questions, autant de méthode que d’indépendance.

La lecture des peer-reviews de cet article est fascinante et il y a même de quoi être abasourdi. Une des deux évaluations est conduite par nul autre que David Nutt lui-même. Celui-ci, sans surprise, approuve l’article par un commentaire sans rapport avec la méthode scientifique du peer-review. Il prend bien soin en revanche de dénoncer le « puissant lobby anti-vapotage ».[xliv] La deuxième évaluation positive est encore plus surprenante, car elle est signée par 4 employés de Altria, maison mère de PMI.[xlv] Ce sont donc des représentants de la même industrie qui a mandaté la publication qui l’évaluent et l’approuvent. Quel magnifique exemple d’indépendance scientifique.

À l’examen de la publicité et du marketing que mène PMI autour de son produit IQOS, les intérêts de la société deviennent évidents. Selon PMI, IQOS serait lui aussi 95% moins toxique que la cigarette traditionnelle. Le mythe de « 95% » fonctionne parfaitement bien dans la communication et est facilement compréhensible même pour un public général. Naturellement, les milieux politiques ultra-libéraux qui défendent les intérêts de l’industrie du tabac et des publicitaires, retorqueront que la publicité est nécessaire pour « informer correctement » les consommateurs.

Image 5 : Différents exemples de publicité pour IQOS exploitant le mythe du « 95% ».

Conclusion : le mythe du « 95% » n’est rien de plus qu’une manipulation et un mensonge utilisé par l’industrie du tabac

Aujourd’hui les ENDS sont des produits extrêmement différenciés et hétérogènes. Nous trouvons une grande variété de produits : des systèmes ouverts ou fermés, des ENDS à usage multiples ou à usage unique et jetables. Les batteries sont devenues beaucoup plus puissantes. Dans les liquides nous trouvons des sels de nicotines et une énorme diversité de substances chimiques (arômes et additifs). De plus l’essentiel de ces appareils et des liquides chimiques qu’ils contiennent sont produits en Chine, et ne sont soumis à aucun contrôle sanitaire ni à aucun standard ou garantie de qualité. Il est donc impossible de parler d’un produit unique ou uniforme. La plupart des experts s’accordent pour estimer que les ENDS contiennent en général moins de substances chimiques nuisibles que les cigarettes traditionnelles. Cependant, personne n’est en mesure d’aller au-delà de cette supposition très générale et le consommateur de ces produits ne peut jamais être certain de savoir ce qu’ils contiennent en réalité.

La vraie question serait de savoir dans quelle mesures les cigarettes électroniques sont dangereuses pour la santé. Il est ici fondamental de rappeler que toute substances contenant de la nicotine peut s'avérer dangereuse pour la santé si sa distribution n'est pas contrôlée par des professionnels de la santé, comme c’est en revanche le cas des substituts nicotiniques utilisés dans le cadre d'un sevrage et approuvés par une autorité médicale. Les dangers sont particulièrement importants en cas d’inhalation avec d’autres substances chimiques. La recherche récente démontre que les ENDS présentent des risques sanitaires importants au niveau respiratoire ou cardiovasculaire. Nous n'avons pas encore le recul nécessaire pour évaluer les risques sur le long terme.

Continuer de répéter que les ENDS sont de 95% moins dangereuses (ou « safer ») que les cigarettes est faux. Fonder des positions de santé publique sur cette affirmation, tout en sachant pertinemment comment ce chiffre a été inventé est, aujourd’hui, irresponsable et relève soit de l’alignement avec les mensonges scientifiques propagés par l’industrie du tabac, soit d’un mélange de naïveté, d’incompétence et/ou d’intérêts spécifiques.

Dans l'ère de l'information numérique et des réseaux sociaux, les fausses informations et les affirmations les plus absurdes peuvent circuler rapidement et atteindre des millions de personnes, induisant en erreur même les plus attentifs. Parmi les désinformations les plus préoccupantes figurent les informations scientifiques pseudo-vraies ou fausses mais vraisemblables. Un exemple frappant est celui du mythe du "95%", qui illustre comment de puissants intérêts économiques exploitent l'ignorance et la crédulité du public pour réaliser des profits.

 

Parmi les désinformations les plus préoccupantes figurent les informations scientifiques pseudo-vraies ou fausses mais vraisemblables. Un exemple frappant est celui du mythe du "95%", qui illustre comment de puissants intérêts économiques exploitent l'ignorance et la crédulité du public pour réaliser des profits.

 

Un débat scientifiquement fondé sur les risques et les possibles bénéfices des ENDS est nécessaire

Si en général il est admissible d’affirmer que les liquides des cigarettes électroniques contiennent moins de substances toxiques que les tabacs utilisés dans les produits à fumer ou à chauffer, il n’est pas possible de proposer un chiffre fondé scientifiquement pour quantifier de combien le risque de consommer ces produits est moindre. Un débat sur le danger relatif des ENDS et sur leurs possibles risques réduits par rapport aux autres formes de consommation de tabac et de nicotine est nécessaire. Mais ce débat doit impérativement éviter les simplifications excessives – utiles uniquement à la communication et aux intérêts de certains – et doit se faire dans un cadre scientifique sérieux et totalement indépendant des puissants intérêts commerciaux et financiers de ces produits.

 

Un débat sur le danger relatif des ENDS et sur leurs possibles risques réduits par rapport aux autres formes de consommation de tabac et nicotine est nécessaire. Mais ce débat doit impérativement éviter les simplifications excessives, utiles uniquement à la communication et aux intérêts de certains, et doit se faire dans un cadre scientifique sérieux et totalement indépendant des puissants intérêts commerciaux et financiers du marché de ces produits.

 

Il est essentiel de comprendre que, lorsqu'il s'agit de communiquer sur les risques liés aux ENDS, il ne suffit pas de décrire simplement le problème. Nous devons développer des mesures qui garantissent que la santé publique ne soit pas davantage compromise, notamment chez les jeunes. En tant qu'acteurs de la santé publique, nous devons communiquer que nous sommes conscients qu'il existe encore un déficit de connaissances. Nous manquons, notamment en Suisse, non seulement de données de surveillance et d'utilisation actuelles sur les nouveaux produits mais, le marché des nouveaux produits évoluant si rapidement, il est difficile de mener des études cliniques longitudinales sur ces produits. L'hétérogénéité des produits constamment mis sur le marché est à lui seul un argument suffisant pour montrer qu’il n’est pas possible de poser un chiffre sur le danger moindre de ces produits.

Pour surmonter ce problème, certains auteurs suggèrent de désormais se concentrer sur les preuves de haut niveau scientifique concernant aussi bien la toxicité associée aux ENDS, l'addiction à la nicotine, l'asthme que les dommages spécifiques liés aux ENDS (explosion, empoisonnement). Un groupe cible important pour communiquer ces risques liés aux ENDS sont les utilisateurs doubles et multiples.[xlvi] Un ensemble de preuves croissant suggère que, comparativement à l'usage exclusif de cigarettes de tabac, l'usage double comporte des risques supplémentaires plutôt que moindres, particulièrement parmi les populations à haut risque (enfants, femmes enceintes, etc.).

Pour préserver la crédibilité des experts en santé publique, il est essentiel de transmettre les preuves de manière transparente, sans établir de causalité uniquement basée sur des associations. Une attention particulière doit être accordée à la communication de déclarations précises. De plus, il est recommandé d'éviter la comparaison directe entre les méfaits des cigarettes traditionnelles et des ENDS, en raison des incertitudes existantes, notamment dues à la variabilité des types/générations d'ENDS, à la teneur en nicotine, à la prévalence élevée de l'utilisation double ou multiple, et au manque d'études comparatives rigoureuses et standardisées.


[i] Nutt, David J.; Phillips, Lawrence D.; Balfour, David; Curran, H. Valerie; Dockrell, Martin; Foulds, Jonathan et al. (2014): Estimating the harms of nicotine-containing products using the MCDA approach. In European addiction research 20 (5), pp. 218–225. DOI: 10.1159/000360220.

[ii] Standing Committee on Health, Aged Care and Sport (2018): Report on the Inquiry into the Use and Marketing of Electronic Cigarettes and Personal Vaporisers in Australia. House of Representatives Standing Committee on Health, Aged Care and Sport. Canberra., footnote 133, page 52.

[iii] https://en.wikipedia.org/wiki/David_Nutt#Government_positions (consulted on 13.006.2023)

[iv] Rockett Guttermann L. VapeWaste: The environmental harms of disposable vapes 2023.

[v] Fagerström, Karl; Eissenberg, Thomas (2012): Dependence on tobacco and nicotine products: a case for product-specific assessment. In Nicotine & Tobacco Research 14 (11), pp. 1382–1390. DOI: 10.1093/ntr/nts007.

[vi] Lin C, Gaiha SM, Halpern-Felsher B. Nicotine Dependence from Different E-Cigarette Devices and Combustible Cigarettes among US Adolescent and Young Adult Users. Int J Environ Res Public Health 2022;19(10). doi:10.3390/ijerph19105846 [published Online First: 11 May 2022].

[vii] Diaz MC, Silver NA, Bertrand A, et al. Bigger, stronger and cheaper: growth in e-cigarette market driven by disposable devices with more e-liquid, higher nicotine concentration and declining prices. Tob Control 2023. doi:10.1136/tc-2023-058033 [published Online First: 3 August 2023].

[viii] DiStefano, Michael J.; Krubiner, Carleigh B. (2020): Beyond the numbers: a critique of quantitative multi-criteria decision analysis. In International journal of technology assessment in health care, pp. 1–5. DOI: 10.1017/S0266462320000410.

[ix] https://tobaccotactics.org/wiki/delon-human/

[x] Selon la page Linkedin, les employés de Health Diplomats sont tous membres da la famille Human (consulted on 21.07.2023)

[xi] Depuis 2020, ce site internent ne semble toutefois ne plus avoir bougé : https://healthdiplomats.com/

[xii] https://www.generationsanstabac.org/actualites/bmj-retire-un-article-apres-avoir-decouvert-son-financement-indirect-par-philip-morris-international/

[xiii] https://tobaccotactics.org/article/riccardo-polosa/ (consulted on 21.07.2023)

[xiv] McNeill, A.; Brose, L. S.; Calder, R.; Hitchman, S. C.; Hajek, P.; McRobbie, H. (2015): E-cigarettes: an evidence update. A report commissioned by Public Health England. Public Health England. Available online at https://www.gov.uk/government/publications/e-cigarettes-an-evidence-update.

[xv] https://www.gov.uk/government/news/e-cigarettes-around-95-less-harmful-than-tobacco-estimates-landmark-review (consulted on 14.08.2023)

[xvi] Glantz S. UK report claiming e-cigs 95% safer than cigs based on one industry-linked report questions PHE's scientific credibilty 2015. Available at: https://tobacco.ucsf.edu/uk-report-claiming-e-cigs-95-safer-cigs-based-one-industry-linked-report-questions-phes-scientific-credibilty Accessed August 14, 2023.

[xvii] « In a nutshell, best estimates show e-cigarettes are 95% less harmful to your health than normal cigarettes […]», E-cigarettes: an evidence update, p. 5. (traduction de l'auteur).

[xviii] “There has been an overall shift towards the inaccurate perception of EC being as harmful as cigarettes over the last year in contrast to the current expert estimate that using EC is around 95% safer than smoking.”. ibidem, p. 6. (traduction de l'auteur).

[xix] «It had previously been estimated that EC are around 95% safer than smoking. This appears to remain a reasonable estimate.”. ibidem, p. 12. (traduction de l'auteur).

[xx] Kmietowicz, Zosia (2018): Public Health England insists e-cigarettes are 95% safer than smoking. In BMJ, k5429. DOI: 10.1136/bmj.k5429.

[xxi] https://www.gov.uk/government/news/phe-health-harms-campaign-encourages-smokers-to-quit (published 28.12.2018)

[xxii] “The previous estimate that, based on current knowledge, vaping is at least 95% less harmful than smoking remains a good way to communicate ….)”, McNeill A, Brose LS, Calder R, et al. Evidence review of e-cigarettes and heated tobacco products 2018: A report commissioned by Public Health England. London 2018.

[xxiii] Stockton, Ben; Davies, Madlen; Chapman, Matthew; Cave, Tamasin (2020): Public Health England paid group linked to Big Tobacco. In The Bureau of Investigative Journalism, 3/20/2020. Available online at https://www.thebureauinvestigates.com/stories/2020-03-20/public-health-england-paid-group-linked-to-big-tobacco.

[xxiv] https://ash.org.uk/resources/view/electronic-cigarettes (consulted on 13.08.2023)

[xxv] Goubet, Fabien (2017): Journée mondiale sans tabac: «Le vapotage réduit les risques de 95%». Spécialiste du tabac et des cigarettes électroniques, le professeur genevois Jean-François Etter revient sur les opportunités et les risques liés à ces appareils, qui tardent à faire de l’ombre au tabac, dix ans après leur apparition. In Le Temps, 5/29/2017. Available online at https://www.letemps.ch/sciences/sante/journee-mondiale-tabac-vapotage-reduit-risques-95.

[xxvi] https://www.lacote.ch/suisse/tabac-les-cigarettes-electroniques-seront-soumises-a-limposition-1295292 (consulted on 27.07.2023)

[xxvii] https://svta.ch/

[xxviii] Lancet, The (2015): E-cigarettes: Public Health England's evidence-based confusion. In The Lancet 386 (9996), p. 829. DOI: 10.1016/S0140-6736(15)00042-2.

[xxix] https://www.theguardian.com/society/2015/aug/28/public-health-england-under-fire-for-saying-e-cigarettes-are-95-safer (consulted on 26.07.2023)

[xxx] McKee M, Capewell S. Evidence about electronic cigarettes: a foundation built on rock or sand? BMJ 2015;351:h4863. doi:10.1136/bmj.h4863 [published Online First: 15 September 2015].

[xxxi] Nutt, David J.; Phillips, Lawrence D.; Balfour, David; Curran, H. Valerie; Dockrell, Martin; Foulds, Jonathan et al. (2016): E-cigarettes are less harmful than smoking. In The Lancet 387 (10024), pp. 1160–1162. DOI: 10.1016/S0140-6736(15)00253-6.

[xxxii] “The paucity of evidence for serious harm to users of e-cigarettes over the years since they were first marketed in 2006, with millions purchased, in itself is evidence.”

[xxxiii] “Absence of evidence is not evidence of absence.”

[xxxiv] Burrowes, Kelly S; Beckert, Lutz; Jones, Stuart (2020): Human lungs are created to breathe clean air: the questionable quantification of vaping safety “95% less harmful. Viewpoint. In New Zealand Medical Journal 133 (1517), pp. 100–106. Available online at https://journal.nzma.org.nz/journal-articles/human-lungs-are-created-to-breathe-clean-air-the-questionable-quantification-of-vaping-safety-95-less-harmful.

[xxxv] Eaton, David L.; Kwan, Leslie Y.; Stratton, Kathleen (Eds.) (2018): Public Health Consequences of E-Cigarettes. National Academies Press (US). Washington (DC).

[xxxvi] Scientific Committee on Health, Environmental and Emerging Risks (2021): Scientific Opinion on electronic cigarettes. Available online at https://ec.europa.eu/health/sites/default/files/scientific_committees/scheer/docs/scheer_o_017.pdf.

[xxxvii] Dirección General de Salud Publica (Ed.) (2020): Informe sobre los cigarillos electronicos: Situación actual, evidenca disponible y regulación. Ministerio de Sanidad. Madrid.

[xxxviii] Eissenberg, Thomas; Bhatnagar, Aruni; Chapman, Simon; Jordt, Sven-Eric; Shihadeh, Alan; Soule, Eric K. (2020): Invalidity of an Oft-Cited Estimate of the Relative Harms of Electronic Cigarettes. In American journal of public health 110 (2), pp. 161–162. DOI: 10.2105/AJPH.2019.305424. Voir aussi: https://news.vcu.edu/article/An_oftenmade_claim_that_ecigarettes_are_95_safer_is_not_valid

[xxxix] https://pursuit.unimelb.edu.au/articles/fact-or-fiction-debunking-the-myths-around-e-cigarettes (consulted on 26.07.2023)

[xl] https://exposetobacco.org/news/tobacco-industry-lies/

[xli] Murkett, Rachel; Rugh, Megyn; Ding, Belinda (2023): Nicotine products relative risk assessment: a systematic review and meta-analysis. In F1000Res 9, p. 1225. DOI: 10.12688/f1000research.26762.1.

[xlii] https://www.biochromex.com/

[xliii] Toutefois, nous savons des enquêtes de TobaccoTactics que Biochromex a reçu au moins US$ 29'100 de la part de la FSFW. https://tobaccotactics.org/article/fsfw-tti/ (consulted 13.08.2023)

[xliv] Nutt D. Peer Review Report For: Nicotine products relative risk assessment: an updated systematic review and meta-analysis [version 2; peer review: 1 approved, 1 approved with reservations]. F1000Research 2022, 9:1225 (https://doi.org/10.5256/f1000research.29550.r72812)

[xlv] Sarkar M, Anderson C, Hannel T and Noggle B. Peer Review Report For: Nicotine products relative risk assessment: an updated systematic review and meta-analysis [version 2; peer review: 1 approved, 1 approved with reservations]. F1000Research 2022, 9:1225 (https://doi.org/10.5256/f1000research.29550.r145985)

[xlvi] Asfar T, Jebai R, Li W, et al. Risk and safety profile of electronic nicotine delivery systems (ENDS): an umbrella review to inform ENDS health communication strategies. Tob Control 2022. https://tobaccocontrol.bmj.com/content/early/2022/09/07/tc-2022-057495.