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10.05.2022 |News

Fabrication et distribution des produits du tabac et de la nicotine

Les trois multinationales du tabac établies en Suisse fabriquent chaque année des milliards de cigarettes sur leurs sites de production helvétiques. La culture du tabac, mais aussi sa transformation, ainsi que la fabrication de cigarettes et d’autres produits à base de tabac et de nicotine sont très gourmandes en énergie et nuisent à l’environnement.

Bien que les données disponibles sur l’impact environnemental de la production et de la distribution de cigarettes soient limitées, étant donné que les études existantes ont été publiées ou financées par les fabricants de tabac eux-mêmes, les deux phases de la production de cigarettes, à savoir la transformation du tabac brut et la production de cigarettes, comptent parmi celles qui ont le plus fort impact sur l’environnement.[1] La fabrication d’une seule cigarette libère 14 g de CO2 au cours de son cycle de production.

Cela s’explique en particulier par la forte consommation d’énergie, notamment pour le transport des feuilles de tabac vers les usines de transformation. Ces lieux sont parfois très éloignés les uns des autres. Le tabac est souvent transporté du pays où il est cultivé vers les pays où les cigarettes qui y sont produites sont aussi vendues.[2] Enfin, les cigarettes et autres produits à base de nicotine et de tabac doivent être transportés vers les points de vente après leur fabrication, ce qui consomme à nouveau du carburant.[3] Les multinationales du tabac Philip Morris, British American Tobacco et Japan Tobacco, qui produisent en Suisse, exportent près de 75 % de leurs cigarettes à l’étranger, dont une grande partie vers des pays du Proche-Orient et d’Afrique[4] – un non-sens écologique!

Par ailleurs, la transformation du tabac nécessite de l’eau et de l’énergie, notamment pour le fonctionnement des machines. D’autres substances et énergies sont requises pour la synthèse du papier et des filtres de cigarettes. Ces derniers sont eux-mêmes fabriqués à partir d’acétate de cellulose, une sorte de plastique, et jetés par terre par milliards dans le monde entier.[5] Les spécialistes de l’University of Bath Control Research Group ont déclaré que « les filtres à cigarettes étaient probablement la plus grande escroquerie[6] de l’histoire de l’humanité » : les filtres modernes en acétate de cellulose ont été inventés par l’industrie du tabac pour faire croire aux fumeurs que les cigarettes munies d’un filtre étaient moins nocives pour la santé du fait qu’elles filtraient les substances nocives de la fumée.[7] Il a été prouvé que le filtre n’a aucun effet sur les problèmes de santé liés au tabagisme.[8]

Fabrique de cigarettes de British American Tobacco à Boncourt, Jura (photo: Publiceye)

L’utilisation de produits chimiques (arômes, conservateurs) lors de la transformation du tabac et de la fabrication des cigarettes est un autre aspect néfaste pour l’environnement. Le papier à cigarette est traité avec des produits chimiques afin d’obtenir une certaine vitesse de combustion.

Déchets : Chaque année, la transformation du tabac génère deux millions de tonnes de déchets solides, dont 300’000 tonnes sont contaminées par la nicotine et environ 200’000 tonnes sont des déchets chimiques.[9]

La production de tabac contribue chaque année à hauteur de près de 84 millions de tonnes d’équivalent CO2 aux émissions, ce qui correspond, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), au lancement de 280’000 fusées dans l’espace.[10] Par ailleurs, la fumée de tabac contribue à augmenter la pollution de l’air et contient trois types de gaz à effet de serre : le dioxyde de carbone, le méthane et les oxydes d’azote, qui polluent l’air intérieur et extérieur.

Journée mondiale sans tabac du 31 mai «Le tabac : une menace pour notre environnement» Le tabac n’a pas seulement des effets négatifs sur la santé, mais chaque étape de sa chaîne de production met également notre environnement en danger. De la culture à la distribution, en passant par la production et l’élimination de déchets parfois toxiques, le tabac et l’industrie du tabac mettent en danger notre planète. La production de tabac nécessite à elle seule 22 billions de litres d’eau par an, principalement pour sa culture. De plus, des milliers d’hectares de terres sont déboisés chaque année pour la culture et le séchage. Quant à la production de cigarettes, elle génère chaque année 84 millions d’équivalents CO2 dans le monde. Vers le site de campagne

 


[1] Aminian et al. 2019.

[2] Aminian et al. 2019.

[3] Aminian et al. 2019.

[4] Maurisse 2019.

[5] Evans-Reeves et al. 2021.

[6] Evans-Reeves et al. 2021.

[7] Evans-Reeves et al. 2021.

[8] Evans-Reeves et al. 2021.

[9] Aminian et al. 2019.

[10] World Health Organization 2022.

Bibliographie

Aminian, Esfandariar; Jacot Sadowski, Isabelle; Cornuz, Jacques (2019): Impact environnemental du tabagisme. In: Revue medicale suisse 15, p. 1974–1978.

Evans-Reeves, Karen; Lauber, Kathrin; Hiscock, Rosemary (2021): The ‘filter fraud’ persists: the tobacco industry is still using filters to suggest lower health risks while destroying the environment. In: Tob Control, tobaccocontrol-2020-056245. DOI: 10.1136/tobaccocontrol-2020-056245.

Maurisse, Marie (2019): The blazing success of Swiss cigarettes in Africa. An investigation by Marie Maurisse, winner of Public Eye’s Investigation Award. In: Public Eye - The Magazine, January 2019. Disponible en ligne sur http://stories.publiceye.ch/tobacco/.

World Health Organization (Hg.) (2022): Poisoning our Planet. disponible en ligne sur https://www.who.int/campaigns/world-no-tobacco-day/2022, dernière consultation le 14.04.2022.

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