« Les sachets de nicotine sauvent des vies » : une nouvelle manipulation des chiffres de la part de l'industrie de la nicotine

Les industries de la nicotine et du tabac adaptent les techniques de manipulation qu'elles utilisaient pour les cigarettes afin de commercialiser leurs sachets de nicotine. Elles ont recours à des études subventionnées par l'industrie, à des experts douteux, à des financements déguisés et à des rapports mensongers afin d'influencer le débat sur la « réduction des risques » et d'obtenir l'ouverture du marché européen aux sachets de nicotine. Dans cet article, nous nous proposons de montrer comment l'argument de la réduction des risques est utilisé dans un contexte qui ne peut que servir les intérêts de l'industrie du tabac et qui est contraire à la santé publique.

par Luciano Ruggia

Une nouvelle « étude » ? Qui paie l'expert ?

Un communiqué de presse de SnusMarkt.ch, repris par l'agence de presse suisse Keystone SDA le 18 octobre 2022, affirme que l'ouverture du marché aux sachets de nicotine pourrait sauver jusqu'à 210’000 vies dans l'UE et jusqu'à 3’400 en Suisse. Ce communiqué de presse fait suite à une nouvelle « étude » réalisée par Sundén (2022), intitulée « Lutter contre le tabagisme avec des produits de substitution à base de nicotine. L'exemple des effets du snus suédois sur la santé publique », publiée en septembre 2022[1].

Il est indiqué dans cette étude qu’elle a pour objectif « d'évaluer le potentiel du snus en tant que méthode visant à réduire les risques liés au tabagisme. Plus précisément, ce rapport tente d'estimer le potentiel du snus dans la réduction du nombre de décès attribuables au tabagisme et de l'incidence des cas de cancer attribuables au tabagisme. » En guise d'avertissement, les auteurs ajoutent immédiatement que « les résultats ne doivent pas être interprétés comme un plaidoyer en faveur de l'autorisation de la vente de snus dans l'UE. Il convient plutôt de les considérer comme une évaluation des effets possibles à long terme sur la santé publique des nouveaux produits à base de nicotine, moins nocifs, tels que les sachets de nicotine et les e-cigarettes. » Le véritable objectif est toutefois clair : exploiter l'argument de la « réduction des effets nocifs » afin d'ouvrir le marché de l'UE aux sachets de nicotine.

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Source : https://tobaccotactics.org/wiki/nicotine-pouches/

Snus et sachets de nicotine en Suisse

La vente de snus est interdite dans l'UE depuis 1992, sauf en Suède, parce que ce produit y était déjà traditionnellement consommé.[2] La Suisse a emboîté le pas à l'UE en interdisant le snus en 1995, mais, suite à une décision du Tribunal fédéral rendue en 2019, le snus est redevenu aisément accessible sur le marché. Le snus reste aujourd'hui interdit dans l'UE, mais il est possible d'acheter des sachets de nicotine. En Suisse, les très populaires sachets de nicotine dépassent largement les ventes de snus. Les sachets semblent constituer un choix apprécié, en particulier par les jeunes, car ils permettent une consommation discrète, pratiquement indétectable en public. [3] Bien que nous manquions de données de suivi précises, le marketing ne laisse aucun doute : la vente de sachets de nicotine s’adresse aux jeunes, notamment aux sportifs. En outre, la multiplication des boutiques en ligne, qui ne peuvent contrôler l'âge des consommateurs, a encore stimulé les ventes.

Le snus et les sachets de nicotine constituent fréquemment une passerelle vers la consommation d'autres produits à base de nicotine ou de tabac, ou sont utilisés en combinaison avec d'autres produits (Note d'information AT: Snus). Actuellement, en Suisse, rien ne permet d'affirmer que l'arrivée du snus ou des sachets de nicotine a favorisé l'abandon de la cigarette. Sur le marché suisse, l'expérience montre que la vente sans restriction de snus et de sachets de nicotine dans un contexte différent de celui de la Suède ne semble présenter aucun avantage en termes de santé publique et semble en fait simplement augmenter la consommation concomitante de deux produits ou plus.

L'étude de Sundén (2022) est basée sur une projection mathématique très simple. L'étude avance l'idée que si d'autres pays avaient ouvert leur marché au snus, avec des politiques et des prix similaires, ils auraient alors un taux de prévalence du tabagisme et des taux de mortalité dus au tabagisme identiques à ceux de la Suède. Cette hypothèse, dont la simplicité peut séduire, fait abstraction de la diversité des situations dans les autres pays de l'UE, tant au niveau des politiques de lutte contre le tabagisme que des attitudes culturelles à l'égard de la consommation de tabac.

Faiblesses méthodologiques

La méthodologie utilisée par Sundén (2022) prend en compte trois séries de critères : 1) les instruments économiques (taxation des cigarettes) ; 2) les instruments administratifs (c'est-à-dire les conditionnements à l'unité, que nous considérons comme totalement non pertinents ; l'interdiction du snus suédois dans l'UE depuis 1992 ; et les interdictions de fumer dans les lieux publics, qui dans le cas de la Suisse n'ont eu aucun impact sur la prévalence du tabagisme) ; et 3) les instruments basés sur l'information, tels que les avertissements relatifs à la santé sur les paquets de cigarettes. L'auteur semble avoir choisi ses critères d'analyse de manière arbitraire et son choix a pour résultat de focaliser toute l'attention sur une seule différence pertinente : le snus est commercialisé en Suède et non dans l'UE. L'utilisation d'un tel cadre analytique promeut l'idée qu'une libéralisation du snus ou des sachets de nicotine aurait un impact positif sur la santé publique dans l'UE. L'étude ne discute pas des raisons pour lesquelles ce cadre a été choisi, plutôt que, par exemple, celui établi par l'échelle du contrôle du tabac en Europe. [4]

D'autres éléments méthodologiques de l'étude de Sundén (2022) restent ambigus. Certaines sources sont souvent référencées de manière inadéquate, comme par exemple la simple mention « Lakeville », ce qui souligne encore davantage les qualités scientifiques douteuses de l'étude. L'auteur prend soin de mentionner ouvertement certaines limites, comme le fait que son estimation ne s'applique qu'aux hommes. L'auteur s'empresse d'écarter toute considération sur la santé des femmes en arguant simplement que le manque de données concernant les femmes empêche de dégager la moindre conclusion. En Norvège, une étude a révélé que la consommation de snus pendant la grossesse entraîne un risque accru de mortinatalité, d'accouchement prématuré, de fœtus de petite taille par rapport à l'âge gestationnel, de faible poids à la naissance, d'augmentation du nombre de césariennes, d'arythmie néonatale, de fente labio-palatine et d'apnée du nourrisson.[5] Ne pas tenir compte de l'impact possible du snus sur la santé des femmes, simplement parce qu'il est moins consommé par les femmes et que les données sont moins étoffées, est inacceptable. Mais pour l'auteur, cet élément, parmi d'autres, ne peut que conduire à une sous-estimation de l'effet des nouveaux produits à base de nicotine sur la santé publique. L'impression générale qui se dégage est celle d'une analyse très partielle et partiale qui ne résisterait en aucun cas à un examen indépendant par des pairs.

"L'hypothèse de l'étude de Sundén (2022), qui consiste à reproduire la politique suédoise et à supposer qu'elle serait efficace dans d'autres contextes, ne tient pas compte des différences historiques ou culturelles liées aux habitudes tabagiques."

La conclusion de l'étude est sans équivoque : « On peut estimer qu'une politique de l'UE autorisant la vente de snus, et indirectement de nouveaux produits à base de nicotine, réduirait le nombre de décès masculins attribuables au tabagisme d'environ 210’000 par an. Le nombre de décès par cancer du poumon attribuables au tabagisme serait réduit d'environ 75’000 et le nombre de nouveaux cas de cancer attribuables au tabagisme de 175’000 par an. Ces estimations supposent de la part des hommes européens qu’ils adoptent et substituent le snus au tabac d’une manière similaire à celle observée en Suède. » Même si l'étude est assortie de mises en garde et de réserves relatives à ses limites, sa conclusion est formelle : la politique suédoise en matière de snus est efficace dans son contexte parce qu'une grande partie des hommes suédois en consomment.

Certains pays, comme l'Irlande, ont des politiques de lutte contre le tabagisme très poussées, qui prévoient des taxes plus élevées sur les cigarettes, mais ne permettent pas la vente légale de snus ou de sachets de nicotine. L'Irlande a pu abaisser de façon importante sa prévalence du tabagisme à 18 % en 2021 dans la population adulte, avec des résultats encore meilleurs chez les adolescents (le taux de tabagisme en Suisse demeure au moins de 27 %). Ce chiffre est encore loin de la prévalence de 6 % chez les adultes en Suède, taux qui a toujours été traditionnellement faible. L'hypothèse de l'étude de Sundén (2022), consistant à adopter la politique suédoise et à supposer qu'elle serait efficace dans d'autres contextes, ne tient pas compte des différences historiques ou culturelles en matière d'habitudes tabagiques.

Une absence de preuves

Si l'on examine les preuves qui ont été exclues de l'étude de Sundén (2022), sur laquelle snusmarket.ch a basé son communiqué de presse, on peut s'interroger sur les raisons de ces exclusions.

L'étude omet en effet de mentionner des preuves récentes et solides sur les dangers de la consommation de snus. L'utilisation du snus chez les hommes est positivement corrélée à une augmentation de la mortalité toutes causes confondues, de la mortalité cardiovasculaire, des décès dus à d'autres causes, et potentiellement à une augmentation de la mortalité liée au cancer.[6]

D'autres études ont également mis en doute les avantages de l'utilisation du snus en matière de réduction des risques, car la consommation concomitante de snus et de tabac a entraîné une augmentation des taux de tabagisme chez les jeunes adultes.[7] La polyconsommation chez les adolescents des pays nordiques semble être en augmentation, mais ce risque n'est pas pris en compte dans l'étude. [8] En Suisse, une étude longitudinale a établi que la consommation de snus augmente significativement la probabilité de commencer et de continuer à fumer.[9]

Les nouveaux sachets de nicotine semblent contenir des quantités alarmantes de substances dangereuses. Une étude récente conclut que, bien que les sachets de nicotine constituent potentiellement une alternative moins risquée pour les fumeurs de cigarettes ou les utilisateurs de certains autres produits du tabac à usage oral, la teneur en nicotine de certains sachets est alarmante. La présence de nitrosamines cancérigènes spécifiques au tabac (TSNA) dans les sachets de nicotine, notamment, est très préoccupante.[10] En Allemagne également, une récente analyse des risques pour la santé des sachets de nicotine a jeté un sérieux doute sur les bénéfices que présenteraient ces produits dans le cadre du sevrage tabagique.[11]

Une autre importante enquête non mentionnée dans le rapport Sundén (2022) est le rapport 2019 « Health risks from snus use » publié par l'Institut norvégien de santé publique, expliquant comment la consommation de snus suédois, qui progresse en Norvège, entraîne également une augmentation significative des risques pour la santé, avec en particulier [12] un impact important sur la santé mentale.[13]

Les sachets de nicotine se déclinent en une grande variété d'arômes et de techniques de marketing associées. Le fait de commercialiser ces produits comme étant « conformes à l'interdiction des arômes » peut donner aux consommateurs la fausse impression qu'un organisme de réglementation a jugé ces produits non aromatisés et approuvé qu'ils ne soient pas soumis aux mêmes réglementations que les produits aromatisés. On peut également penser que les fabricants cherchent à suggérer que leur arôme particulier est sûr et approuvé par une autorité, contrairement aux arômes dangereux des autres. Des directives restreignant la vente de produits proposant divers arômes, dont le menthol, dans d'autres produits du tabac sont à l'étude aux États-Unis, au Canada et au sein de l'Union Européenne. Il convient d'accorder une attention particulière aux techniques de marketing qui pourraient être utilisées et servir de précédent à l'introduction de nouveaux produits similaires contenant de la nicotine à usage oral, d'e-cigarettes ou de produits du tabac à brûler, susceptibles de menacer la santé des jeunes.[14]

Cette courte synthèse ne prétend aucunement constituer une analyse systématique des risques liés au snus et aux sachets de nicotine. Toutefois, les études mentionnées ici sont récentes, la plus ancienne datant de 2019, et sont toutes aisément accessibles en ligne et produites de façon indépendante, sans conflit d'intérêts avec l'industrie du snus ou de la nicotine. On peut donc se demander pourquoi aucune d'entre elles n'a été mentionnée dans l'étude de Sundén (2022). Cette étude semble suivre le schéma classique des études financées par l'industrie du tabac, qui consiste à ne prendre en considération que les preuves qui soutiennent leur position et leurs stratégies commerciales.

Experts douteux et financements occultes

Cette étude a été réalisée par la société de conseil suédoise Lakeville. [15] Cette société de conseil semble mener ses « recherches » selon les règles de l'art bien établies d'institutions similaires, comme le font d'autres groupes de réflexion économiquement ultra libéraux plus connus et plus troubles financés, entre autres, par les industries du tabac et dont l'Institut des Affaires Économiques (IEA) est un exemple notoire. [16]L'industrie de la cigarette a financé l'IEA et d'autres soi-disant instituts de recherche afin de produire des rapports et des études destinés à s'opposer aux mesures de lutte antitabac. [17] Dans l'étude de Sundén (2022), nous constatons que des consultants bien rémunérés produisent une analyse partielle et incomplète afin de fournir des preuves dans le but de soutenir les activités du lobby. Ce rapport est ensuite diffusé dans les médias et se retrouve dans les débats politiques et réglementaires, sans que personne ne sache qu'il a été entièrement financé par l'industrie. Les rapports de ce type constituent souvent une violation subtile de l'art. 5.3 de la CCLAT, qui dispose que « en définissant et en appliquant leurs politiques de santé publique en matière de lutte antitabac, les Parties veillent à ce que ces politiques ne soient pas influencées par les intérêts commerciaux et autres de l’industrie du tabac, conformément à la législation nationale. »[18]L'UE est elle-même membre à part entière de la CCLAT. En novembre 2018, la plus haute juridiction de l'Union Européenne a confirmé l'interdiction du snus dans l'UE[19], mais une nouvelle bataille juridique se déroule actuellement pour annuler cette interdiction.

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Source : page web de SnusMarkt.ch : prix bas et promotions (23.10.2022)

L'étude mentionne que le « Haypp Group AB a chargé Lakeville d'évaluer le potentiel du snus en tant qu'instrument de réduction des dommages causés à la santé publique par le tabagisme dans l'UE », mais cette mention n'est pas facile à repérer. Haypp est un grand groupe suédois de marketing électronique spécialisé dans la promotion et la vente de snus et de sachets de nicotine.[20] Haypp indique avoir 131 employés, être présent dans sept pays (la Suède, la Norvège et les États-Unis sont mentionnés sur sa page web, mais pas la Suisse) et précise sur sa page web : « Nous avons servi plus de 680'000 clients effectifs » avec les marques de e-commerce de snus et de sachets de nicotine. Dans le communiqué de presse suisse, ce groupe est présenté de manière légèrement différente, indiquant sa présence dans 30 pays avec huit marques de e-commerce totalisant 500'000 clients. En Suisse, Haypp Group est présent par le biais de SnusMarkt.ch, l'un des principaux portails web suisses pour acheter ces produits en ligne. [21] Selon SnusMarkt.ch, la vente de sachets de nicotine a augmenté de 37 % en 2021 par rapport à 2020, tandis que celle du snus a diminué de 15 %, illustrant la transition du snus classique vers les sachets de nicotine.

"Mais qui se cache réellement derrière le groupe Haypp ? Les sachets de nicotine les plus courants sont tous produits par les géants de l'industrie du tabac classiques : Epok, Lyft et Velo appartiennent à BAT ; Skruf et ZoneX à Imperial Tobacco ; LD et Nordic Spirit à Japan Tobacco ; et General et Zyn à Swedish Match, détenu majoritairement par PMI."

Mais qui se cache réellement derrière le groupe Haypp ? Les sachets de nicotine les plus courants sont tous produits par les géants de l'industrie du tabac classiques : Epok, Lyft et Velo appartiennent à BAT ; Skruf et ZoneX à Imperial Tobacco ; LD et Nordic Spirit à Japan Tobacco ; et General et Zyn à Swedish Match, détenu majoritairement par PMI. [22]

Dire que cette étude est partiale serait un euphémisme. Cette étude est un exemple caractéristique de manipulation scientifique financée par l'industrie du tabac afin d'influencer les politiques de santé publique.

Une opération de communication

En Suisse, SnusMarkt.ch a assuré la promotion de ce rapport au moyen d'un communiqué de presse qui n'a été relayé que par Keystone, de sorte qu'il a eu peu d'impact médiatique. SnusMarkt a donné une interprétation mathématique déformée du rapport, en avançant que si les hommes suisses utilisaient le snus comme le font les Suédois, nous aurions la même proportion de décès liés au tabac, ce qui reviendrait à sauver 3'400 vies (alors que nous avons estimé à 9'500 le nombre annuel de décès directement imputables au tabac).[23] SnusMarkt omet de mentionner que depuis l'arrivée du snus et des sachets de nicotine, vendus légalement en Suisse depuis 2018, nous n'avons constaté aucune diminution de la prévalence du tabagisme et qu'en réalité la vente de cigarettes a augmenté de 4 % en 2020, ce qui constitue une hausse très importante. [24]

Prétendre que le snus est un moyen de réduire les risques liés au tabagisme en Suisse est une stratégie utilisée par le lobby de l'industrie pour influencer les responsables politiques, en particulier dans le débat sur la fiscalité. Nous n'avons pas eu besoin d'attendre longtemps pour observer comment la « recherche » conçue par l'industrie est utilisée par des politiciens proches du lobby du tabac. Un député suisse a introduit une question parlementaire le 29 septembre 2022, demandant une réglementation différenciée des produits du tabac en fonction de leurs risques pour la santé.[25]Non seulement ce député attaque le gouvernement parce que ce dernier entend appliquer de manière inconditionnelle le référendum « Enfants sans tabac », approuvé par la population suisse le 13 février 2022, mais il affirme que 66 % des personnes qui commandent du snus en ligne pourraient arrêter de fumer grâce au snus, et que le snus est 95 % moins cancérigène que la cigarette, sur la base d'une « étude » provenant de SnusMarkt.ch lui-même. SnusMarkt suggère que ses « données » devraient conduire à une taxation du snus et des sachets de nicotine encore plus faible que celle des cigarettes électroniques. Ainsi, SnusMarkt.ch produit une « étude », et sur la base de cette « étude », rédige un texte qu'un politicien « sympathisant » présente au Parlement afin d'influencer les politiques de réglementation et de taxation qui bénéficieront essentiellement, et de façon considérable, à Smusmarkt.ch. Il serait difficile de trouver meilleur exemple de manipulation et de lobbying visant à privilégier les intérêts financiers d'une industrie au détriment de la santé de la population suisse.