Vers une Suisse sans tabac et sans nicotine
L’Association suisse pour la prévention du tabagisme est le centre de compétence en la matière. En tant qu’organisation faîtière pour la promotion d’une vie sans tabac, elle compte aujourd’hui plus de 50 membres collectifs. AT Suisse met à leur disposition un large réseau d’experts ainsi que ses connaissances spécialisées dans les domaines de la lutte antitabac et de la prévention. Par des offres fondées sur des données probantes et la mise en réseau des acteurs majeurs, elle s’engage en faveur d’une Suisse durablement saine et non fumeuse, tout en offrant à la population un soutien pour arrêter de fumer et se désintoxiquer de la nicotine.
La dénormalisation de la consommation de tabac et de produits à base de nicotine est un champ d’action important. En effet, une grande partie de la population considère toujours comme «normal» de consommer des produits mortels à base de tabac et de nicotine. Par ailleurs, la protection des jeunes est au centre de notre travail. AT Suisse souhaite encourager les fumeuses et les fumeurs qui ont entrepris d’arrêter de fumer et se préoccupe aussi beaucoup de renforcer la protection de la population contre le tabagisme passif.
24.08.2022 |News
Décès du Dr. Rainer Kaelin
Nanos gigantum umeris insidentes : Décès du Dr. Rainer Kaelin, membre du Comité d’OxySuisse et figure centrale de la lutte contre le tabagisme en Suisse de ces derniers 20 ans.
Dr. Rainer Kaelin
Nous venons d’apprendre le décès du Dr Rainer Kaelin survenu le 15 août dernier, après une longue bataille contre une maladie qu’il avait supportée avec beaucoup de courage et discrétion.
Le Dr. Kaelin était membre du comité d’OxySuisse depuis de très nombreuses années. Il a servi la cause de la lutte contre le tabagisme avec beaucoup d’enthousiasme et un rare sens de l’engagement. Lors du lancement du Comité vaudois pour l’initiative « Fumée passive et santé », le 14 juin 2006 à Lausanne (dans les locaux de l’ISPA - maintenant Addiction Suisse), Rainer proposa et se chargea de créer un comité de soutien à l’initiative. Rappelons que celle-ci récolta plus que le nombre requis de signatures en un temps record, ce qui a contraint les autorités vaudoises à présenter un contre-projet, qui était pratiquement un copier-coller de l’initiative et qui fut accepté à une large majorité.
En tant que pneumologue, le Dr. Kaelin n’a pas ménagé ses efforts pour mobiliser ses collègues médecins dans la lutte contre le tabagisme. Il a rédigé de nombreux articles, notamment pour le Bulletin des médecins suisses, l’organe officiel de la FMH. Au moment de l’élaboration de la loi sur la fumée passive par le parlement suisse, en 2008, il a mobilisé une vingtaine de collègues médecins pour rédiger une tribune qui dénonçait les lacunes du projet de loi (lacunes qui hélas persistent à ce jour), attribuant ces lacunes à l’influence du lobby du tabac. Aujourd’hui, nous ne pouvons qu’admettre que le Dr. Kaelin avait vu juste et à quel point son propos d’alors reste complètement d’actualité.
Le Dr. Kaelin a aussi tout de suite réalisé que le projet de loi sur les produits du tabac préparée par l’OFSP en 2014 était une « loi alibi » qui ménageait les intérêts commerciaux des compagnies de tabac en sacrifiant la santé publique. Il l’a dit haut et fort et l’a répété dans des tribunes dont les titres sont évocateurs : « On torpille la protection de la jeunesse et viole la convention cadre de l’OMS » (2014), « Deuxième projet de loi sur les produits du tabac – tromperie! » (2018), « Les hypocrites de la protection de la jeunesse et leurs complices » (2019), « Prévention du tabagisme : Réglementations alibi depuis trente ans » (novembre 2021) (dans laquelle il appelait à voter Oui à l’initiative « Enfants sans tabac »).
Le Dr. Kaelin voyait juste et n’avait pas sa langue dans sa poche. L’attitude de certains de ses confrères et des experts, à qui il reprochait d’être réceptifs au « compromis mou » - un piège tendu par l’industrie du tabac - le faisait bouillir. Sa plume était parfois trempée dans l’acide, notamment lorsqu’il dénonçait ce qu’il appelait « le silence des experts » face à l’un des plus sérieux problèmes de santé publique de notre époque. Il n’a pas non plus été tendre avec l’OFSP, fustigeant (à juste titre) sa stratégie MNT, qui mettait exclusivement l’accent sur la responsabilité individuelle et exonérait les compagnies de tabac de toute responsabilité (voir « Entre santé publique et intérêt économique »).
Aujourd’hui nous nous joignons au deuil de sa famille et aux membres d’OxySuisse. Nanos gigantum umeris insidentes : nous ne sommes que des nains sur des épaules de géants. Le Dr. Kaelin a été pour nous un géant de la lutte contre le tabagisme et nous nous devons de suivre son exemple.
Pascal Diethelm, Président de OxySuisse
Luciano Ruggia, Directeur AT Suisse
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